L'histoire d'une chanson française

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01 - 1986 : Elsa - T'en Vas Pas

"T'en vas pas" est un succès en forme de conte de fées. En 1986, la toute jeune comédienne Elsa est appelée sur le tournage de "La femme de ma vie", de Régis Warnier. Le réalisateur remarque la qualité de sa voix et lui propose d'interpréter la chanson du film, "T'en vas pas". Le titre sort le 12 octobre 1986 soit quelques mois à peine avant "Joe le Taxi", succès phénoménal d'une autre "Lolita", Vanessa Paradis. "T'en vas pas" reste 9 semaines n°1 au Top 50. 1 300 000 exemplaires sont vendus. "Les jeunes l'offrent à leur père, pour réconcilier des parents désunis", explique Elsa, ravie de ce phénomène. La vague "T'en vas pas" s'étend à toute l'Europe et au Japon. La musique est signée Romano Musumarra, compositeur prolixe. L'année 1986 lui sourit puisque c'est au même moment qu'une autre de ses chansons, "Ouragan", fait un tabac avec une autre débutante, Stéphanie. "T'en vas pas" fait partie des "must" qu'interprète Elsa quand elle remonte sur scène, au Bataclan, en 1997, après quelques années d'absence.

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02 - 1987 : Vanessa Paradis - Joe Le Taxi

Ce premier disque de Vanessa Paradis à l'âge de 14 ans (en fait le second, "La Magie des surprises parties" n'étant jamais sorti), passe pendant l'été 1987 sur toutes les ondes. Au cours de l'enregistrement de l'album de Sophie Marceau, Vanessa Paradis, par l'intermédiaire de son oncle Didier Pain, rencontre le parolier de Julien Clerc, Etienne Roda-Gil et Franck Langolff, compositeur de "Chanson pour l'Ethiopie" en 1985. Séduits par l'adolescente, ils lui écrivent cette chanson. Le 45 tours reste classé au Top 50 durant de nombreuses semaines et remporte un important succès en Angleterre. Vanessa Paradis qui soulève alors autant d'engouement que de rejet, est huée au cours d'une soirée de gala au Midem de Cannes en 1988, où elle reçoit un prix.

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03 - 1986 : Mylène Farmer - Libertine

Issu de son album "Cendres de Lune", "Libertine" est le quatrième single et le premier grand succès de Mylène Farmer. Porté par un clip de onze minutes en cinémascope et stéréo, ce titre restera classé vingt semaines au Top 50. Une chevelure rousse éclatante, un teint pâle, une allure romantique, Mylène joue les ingénues au physique androgyne. Filmées par Laurent Boutonnat, ses chansons plongent le spectateur dans un XVIIIème siècle de dentelles et lingerie fine. Mylène Farmer, enchaîne ensuite les succès : "Sans contrefaçon" (je suis un garçon), "Pourvu qu'elles soient douces", "Désenchantée", "Regrets" (en duo avec Jean-Louis Murat), et "Je t'aime mélancolie"...

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04 - 1987 : Graziella De Michele - Le Pull-Over Blanc

Après avoir passé sa jeunesse aux Minguettes, dans la banlieue lyonnaise, Graziella de Michele parcourt l’Europe où elle s’initie à la musique punk, tout en suivant des études qui la conduiront à devenir infirmière en psychiatrie. Parallèlement, elle écrit ses premières chansons et signe chez Virgin un contrat qui lui permet d’enregistrer plusieurs singles. Elle se fait connaître en 1987 grâce au « Pull-over blanc », titre composé par Marc Quattrociocchi, son complice de toujours. Elle rencontre donc un succès atypique puisque si la majorité des tubes de cette période sont plutôt des chansons gaies et légères, « Le Pull-over blanc » évoque le suicide d’une de ses amies infirmière. C’est aussi un hommage indirect à Léonard Cohen et son « Famous blue raincoat ». Quoi qu’il en soit, Graziella de Michele atteint le sommet des hit-parades sur les radios périphériques et FM en quelques semaines, et se classe deuxième au Top 50 derrière Madonna, le titre s’étant vendu à plus de 500 000 exemplaires. Elle n’abandonne pas pour autant son métier d’infirmière, mais enchaîne avec la sortie d’un album « Le Clown d’Alicante » en 1988. Fervente militante dans la lutte contre le sida, elle n’a depuis pas véritablement renoué avec le succès, et ce malgré la sortie de deux autres albums. Elle écrit cependant beaucoup pour les autres, parmi lesquels Liane Foly. Le chanteur belge Arno a repris « Le Pull-over blanc » en 1992.

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05 - 1986 : Licence IV - Viens Boire Un Petit Coup A La Maison

"Viens boire un petit coup à la maison" s'inscrit dans la lignée des chansons à boire. Sorti en novembre 1986, le titre passe inaperçu jusqu'à ce que les télévisions s'en emparent. Le public accroche et au printemps 1987, "Viens boire un petit coup à la maison" se retrouve numéro 1 au Top 50 et y reste plusieurs semaines d'affilée. 500 000 exemplaires sont vendus à cette période -surtout dans les grandes surfaces- et le groupe obtient un disque d'or. C'est à l'initiative de Patrick Sébastien que "Licence IV" s'est formé : une bande de vieux copains bien décidés à s'amuser en vantant les mérites de l'amitié et de la boisson. Le propos est clair : la "Licence IV" correspond à l'autorisation de vente d'alcools forts dans les bars et les restaurants et l'autre titre signé par le groupe s'intitule "C'est l'heure du jaune", jaune comme l'anisette. Pour composer la musique de "Viens boire un petit coup à la maison", Licence IV s'est allié avec Jean-Jacques Lafon, précédemment connu pour être l'interprète d'un succès de l'année 1985, "Le Géant de papier". Licence IV a enregistré en octobre 2001 une version remixée de "Viens boire un petit coup à la maison".

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06 - 1982 : Gérard Blanchard - Rock Amadour

En 1982, le 45 tours "Rock Amadour", avec une pochette de Jean-Baptiste Mondino, totalise 700 000 exemplaires vendus, et devient l'un des grands tubes de l'année. Extrait du premier album de Gérard Blanchard, cette chanson au rythme ska sur un air d'accordéon, annonce une nouvelle mode musicale : le rock musette, par la suite repris par les leaders du mouvement alternatif, des Négresses Vertes aux Garçon Bouchers. Nommé citoyen d'honneur de la ville de Rocamadour, Gérard Blanchard, quant à lui réussit un doublé dans le même registre avec "Elle voulait revoir sa Normandie" en 1987, mais aura du mal à se défaire de son étiquette de fantaisiste campagnard.

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07 - 1984 : Cookie Dingler - Femme Libérée

Quelques années après l'épopée féministe, le groupe Cookie Dingler fait le point sur la femme libérée. Des aventures passagères et sans issue, des envies d'enfants de temps en temps, la peur de vieillir : la liberté n'est pas si facile. Reprenant ce thème, Jean-Jacques Goldman décrira, quelques années plus tard, la vie des femmes qui un jour décident de faire un enfant seules ("Elle a fait un bébé toute seule") et qui débordées, courent toute la journée. Dans un tout autre registre, la femme des années 1980 a été chantée par Michel Sardou ("Etre une femme"), qui la décrit arrogante, sexy et ambitieuse, mère, amante et PDG. Mais au delà des fantasmes des hommes, la condition féminine n'a sans doute jamais mieux été chantée que par les femmes elles-mêmes, et notamment par Anne Sylvestre : "Une sorcière comme les autres", "Mon mari est parti", "Non, Tu n'a pas de nom".

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08 - 1981 : Michel Jonasz - Joueur De Blues

Cette chanson fait partie de "La Nouvelle vie", album sorti en 1981, pour lequel Michel Jonasz obtient son premier Disque d'or. Cet album diffère des précédents, plus nostalgiques. Il annonce un changement de direction musicale et affirme l'influence évidente d'autres styles musicaux comme en témoigne le titre "Les Cabarets tziganes". Par la suite, tout en travaillant avec les frères Sims, il explore davantage le Groove et la Soul. Michel Jonasz qui très tôt écoute Ray Charles, reste influencé par le Jazz et le Blues tout au long de sa carrière. Il écrit "Du blues, du blues, du blues" en 1977, "La Boîte de jazz" en 1985 et "Mister Swing" en 1988.

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09 - 1989 : Les Négresses Vertes - Voilà L'été

Groupe fondé à l’automne 1987, à Paris par Helno (chanteur/parolier), Stéphane Mellino (guitare/chant composition), Matthias Canavese (accordéon/Chant composition), Iza Mellino (chœurs/percussions), Jean-Marie Paulus (guitare/basse/chant), et Michel Ochowiak (trompette/bugle/chant), les Négresses Vertes, sortent leur premier album « Mlah » en 1989, sur le label indépendant Off the Track. Venant d’horizons divers, du groupe punk Les Maîtres pour certains, du cirque Zingaro, et des Béruriers Noirs, ils proposent un mélange de valse, polka, flamenco, raï et rock, le tout servi par les textes d’Helno d’une gouaille toute parisienne, proches de l’univers de la grande Damia. Ce premier opus ne rencontre dans un premier temps, qu’un succès d’estime et de bonnes critiques. La consécration arrive d’Outre-Manche. Les Négresses Vertes, y trouvent une couverture médiatique sans précédent : articles louangeurs, concerts à guichets fermés, signature sur un label en vogue, invitation au festival de Reading (une première pour un groupe français). Dans la foulée, toute l'Europe s'enflamme pour les Négresses, et les Etats-Unis leur offrent un contrat. Le groupe part y jouer, ainsi qu’à Tokyo au Japon. Le premier extrait de l’album, « Zobi la mouche », plein d’humour, entre finalement au Top 50, comme le suivant, « Voilà l’été », qui ne cesse avec son appel à la fête, de réapparaître chaque été sur les ondes. Le disque se vend à plus de 180 000 exemplaires en France et 350 000 à l’étranger. Les Négresses Vertes retrouvent le public parisien pour trois dates à la Cigale en janvier 1990. La version remixée de « Voilà l’été » figure sur l’album « 10 Remixes 1987-1993 », sorti en 1993.

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10 - 1982 : Richard Gotainer - Primitif

Durant les années 1970, Richard Gotainer travaille dans la publicité comme rédacteur. Il rencontre Claude Engel, ancien guitariste du groupe Magma et lui montre quelques uns de ses textes. Ils décident de travailler ensemble. Entre leur deuxième album, "Contes de traviole", en 1979, et son successeur, "Chants zazou", en 1982, le duo publie trois 45 tours qui leur apportent succès et notoriété. Le premier, "Primitif", adapté d'un jingle pour une marque de vêtements, déferle sur les ondes peu après le passage de Richard Gotainer en première partie de Coluche au Café de la Gare. Utilisant de nombreux néologismes, des références directes à la bande dessinée, le "houba houba" du Marsupilami de Franquin par exemple, Richard Gotainer déclame son amour à sa compagne. Il continue de développer un univers très visuel avec "Chipie" puis "Le Sampa", chanson écrite pour "Le Maître d'école", film de Claude Berri, qui lui vaut son premier Disque d'or. Il consacre un album entier à Astérix, le célèbre héros de Gosciny et d'Uderzo, avec "Vive la Gaule" en 1987.