L'histoire d'une chanson française

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61 - 1989 : Maurane - Tout Pour Un Seul Homme

En 1989, le grand public découvre Maurane qui quitte la maison de disque Saravah pour Polydor. En février, elle sort un nouvel album, sans titre. Plusieurs simples en sont extraits : "Toutes les mamas", "Pas gaie la pagaille" ou "Tout pour un seul homme", dédiée à son ami Jean-Luc Bideau, rencontré sur le tournage de "Carnaval" de Ronny Couteure. Les chansons de l'album sont écrites par ses musiciens de scène, notamment Kevin Mulligan, le compositeur de "Tout pour un seul homme". L'album remporte un tel succès (150.000 exemplaires vendus), qu'il lui ouvre les portes de l'Olympia où elle chante une semaine. Malgré un trac énorme, elle donne un spectacle énergique et varié, ovationné par plus de 2000 personnes chaque soir. Elle enchaîne ensuite sur une tournée internationale qui s'achève au Japon. En juillet 1989, Maurane reçoit en même temps l'Octave féminin, décernée par Radio France Internationale, et le Prix du Festival d'été international de Québec.

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62 - 1985 : Etienne Daho - Tombé Pour La France

Après le succès de l'album "La Notte la notte", Etienne Daho sort un nouveau 45 tours, "Tombé pour la France" en mars 1985. Avec son rythme très dansant, la chanson s'impose vite et entre au du top 50. En juillet, une version longue sort en maxi 45 tours. Elle comprend une version du titre "Arnold Layne" écrit par Syd Barrett des Pink Floyd, ainsi que deux autres titres des années soixante : "Chez les yé-yé" de Serge Gainsbourg et "Et si je m'en vais avant toi", déjà sur "La Notte la notte", mais cette fois-ci interprété en duo avec son auteur, Françoise Hardy. Les références aux années soixante se retrouvent dans le texte même de "Tombé pour la France", avec des expressions comme : be bop, jerk, psychédélique ou dum di da. Le clip est réalisé par Jean-Pierre Jeunet, co-réalisateur quelques années plus tard avec Marc Caro, des films "Delicatessen" et "La Cité des enfants perdus". "Tombé pour la France" est la dernière collaboration d'Etienne Daho avec Franck Darcel, ancien guitariste du groupe rennais Marquis de Sade présent sur ses deux premiers albums. Ce titre révèle Etienne Daho auprès de toute une génération. Il préfigure une certaine "dahomania" qui déferlera l'année suivante avec la sortie de l'album "Pop satori" et des titres "Epaule tattoo" et "Duel au soleil".

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63 - 1987 : L'Affaire Louis Trio - Tout Mais Pas Ca

En 1987, le succès de "Tout mais pas ça" fait connaître L'Affaire Louis Trio. Le groupe lyonnais enchaîne un spectacle au Casino de Paris avec Alain Chamfort et une Victoire de la Musique, sur fond de nombreux passages radio. Avec ses résonances latino que l'on retrouve à cette époque tout autant dans "Marcia Baïla" des Rita Mitsouko ou dans "L'Amour à la plage" de Niagara, "Tout mais pas ça" est caractéristique d'un retour au rock festif, alors que la world music explose, peu après la froideur de la vague new wave. La voix façon crooner et les cuivres utilisés dans "Tout mais pas ça" auraient été impensables quelques années plus tôt. La nouvelle chaîne musicale M6 favorise le succès du groupe, dont l'apparence étudiée et inspirée de la bande dessinée ligne claire, semble créée sur mesure pour les clips.

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64 - 1988 : Princess Erika - Trop De Blabla

Chanteuse française d'origine camerounaise, et petite fille d'un chef de tribu, d'où son surnom, Princess Erika, après avoir joué dans deux groupes de reggae, les Blackhearts Daughters avec ses trois soeurs, puis Princess and the royal sound, décide de tenter sa chance en solo. A la fin de l'année 1986, elle se rend à Londres et enregistre avec le groupe Aswad. Son premier single, "Trop de blabla" ne sort qu'en 1988. Ce reggae lent, chanté en français, avec un texte plein d'humour fait mouche. Le titre devient un succès, se vendant à plus de 150 000 exemplaires et impose la belle sur la scène du reggae-raggamuffin français dans les années 1990, aux côtés de Sinsemilia, Saï Saï ou encore Pierpoljak.

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65 - 1982 : Pierre Bachelet - Les Corons

Elevé dans le nord de la France, Pierre Bachelet signe avec "Les Corons" son plus grand succès populaire. Avec "Les Gens du Nord", la chanson devient l'hymne des habitants de la région du Nord-Pas-de-Calais. Les maisons alignées par souci d'égalité, déjà évoquées par Enrico Macias, sont les logements des mineurs de fond (les gueules noires) financés par l'entreprise. Cette vision de la mine n'évoque les coups durs (la silicose, les coups de grisou) qu'en filigrane, contrairement à Bernard Lavilliers, beaucoup plus féroce dans "Fensch Vallée". Elément moteur de la révolution industrielle, au 19è siècle, le charbon était principalement fourni par la région stéphanoise et par le bassin du nord. Après la seconde guerre mondiale, il représentait encore 80% de la consommation d'énergie. A partir des années 1960 la production décline et de nombreux puits ferment : le dernier de la région Nord a mis la clé sous la porte en décembre 1990. Certains sont transformés en musée de la mine comme celui de Lewarde. En 1885, le roman "Germinal" d'Emile Zola a parfaitement décrit l'univers minier. Après en avoir joué le rôle principal au cinéma, Renaud entreprit d'enregistrer un disque en ch'timi (patois du Nord) complètement exempt de la chanson de Pierre Bachelet.

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66 - 1983 : La Compagnie Créole - C'est Bon Pour Le Moral

C'est en renonçant à enregistrer en créole que la Compagnie Créole va rencontrer un très large public. En particulier avec "C'est bon pour le moral" qui est pratiquement la version française de "C'est bon bon", chanson créole enregistrée sur le disque précédent sans rencontrer un succès comparable. Très représentatif du style du groupe, "C'est bon pour le moral" est avant tout une chanson à danser, omniprésente dans les boums de l'époque. Le titre se rattache autant à la tradition antillaise (tempo de biguine), qu'au courant de la chanson exotique, offrant une vision optimiste et épicée d'un cliché tropical fait de soleil et de danse, à l'usage des métropolitains. Avant la vague zouk initiée par Kassav et sa part de renouveau culturel antillais, la Compagnie Créole est le premier groupe à rencontrer un succès aussi large, au-delà des Antilles et aussi hors de France.

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67 - 1981 : Michel Sardou - Les Lacs Du Connemara

Michel Sardou et ses collaborateurs habituels, l'auteur Pierre Delanoë et le compositeur Jacques Revaux, signent "Les Lacs du Connemara", en voulant écrire le final d'un spectacle au Palais des Congrès. Très vite, la chanson devient un des plus gros succès de Michel Sardou, alors que l'interprète avait d'abord hésité à l'intégrer à son disque de l'époque. Peu après le tube de Paul McCartney, "Mull of Kintyre", qui fonctionnait déjà sur une imagerie irlandaise, la chanson propose l'image d'une tradition intemporelle, à la manière du succès d'Edith Piaf, "Les Trois cloches". Elle alterne refrains lents typiquement écrits pour un chanteur à voix et couplets sur un rythme traditionnel irlandais, le jig.

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68 - 1980 : Jean-Patrick Capdevielle : Quand T'es Dans Le Désert

Avec "Quand t'es dans le désert", Jean-Patrick Capdevielle signe un des tubes de l'année 1980. Cette chanson tient une place originale dans la palette des goûts du public : une certaine influence Punk nihiliste et désabusée. Le style de Jean-Patrick Capdevielle se situe dans la lignée du rock de chroniqueur social d'un Bruce Springsteen, jusqu'à sa voix éraillée qui le rappelle. Une des caractéristiques de cette chanson réside dans un mélange d'images littéraires et de tournures quotidiennes. Certaines références sont à l'époque comprises de façon très prosaïques, en particulier celles au Premier Ministre de l'époque, "gros clown sinistre" et au Président de la République d'alors, "piètre accordéoniste".

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69 - 1982 : Jean-Jacques Goldman - Quand La Musique Est Bonne

Après le succès de son premier album et de la chanson "Il suffira d'un signe", le 45 tours se vend à plus de 500 000 exemplaires l'année de sa sortie en 1981, Jean-Jacques Goldman sort un deuxième 33 tours en 1982, toujours sans titre. "Quand la musique est bonne", premier single de l'album, fait l'objet d'un Clip, réalisé par Bernard Schmitt, ami d'enfance de Jean-Jacques Goldman. La chanson remporte un véritable succès. Grâce à elle, l'album est numéro un des ventes à la fin de l'année 1982. Le texte aborde le thème de l'évasion. Le message est simple et efficace : "… Un peu de swing, un peu du King, pas mal de feeling et de décibels, c'est pas l'usine, c'est pas la mine, mais ça suffit pour se faire la belle…". Claude Engel, compositeur et guitariste de Richard Gotainer, aux guitares avec Jean-Jacques Goldman, renforce la tonalité rock du titre. Philippe Herpin, ancien membre du groupe Marquis de Sade, est au saxophone. La voix de Jean-Jacques Goldman est toujours haut perchée, habitude qu'il a prise, en chantant en anglais, notamment avec le groupe Taï Phong. Ce n'est qu'à la fin de l'année 1982, après près d'un million d'album vendus (45 tours et 33 tours confondus), que Jean-Jacques Goldman abandonne son travail au magasin de sport de ses parents, et devient musicien professionnel.

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70 - 1984 : Peter Et Sloane - Besoin De Rien Envie De Toi

Le duo Peter et Sloane, composé de Jean-Pierre Savelli et de Chantal Richard, est formé sur le modèle des duos mixtes des années 1970 comme Stone et Charden ("L'Avventura") ou Sheila et Ringo ("Les Gondoles à Venise"). Malgré peu de passages sur les radios, leur chanson "Besoin de rien, envie de toi" se retrouve numéro un du Top 50 en novembre 1984. Leur succès est totalement lié à la création de ce nouveau hit-parade lancé par Canal + en collaboration avec Europe n° 1 et Télé 7 Jours. Tout le monde est étonné de les retrouver là. Peu importe, "Besoin de rien, envie de toi" reste classé huit mois et le 45 tours se vend à deux millions d'exemplaires.